

La Stratégie marque, certes, un progrès vers la mise en oeuvre d’une politique de l’alimentation transversale dans une approche interministérielle, et va au delà de la responsabilisation du consommateur dans ces comportements alimentaires en ciblant également les industriels, les distributeurs et le secteur de la restauration hors-foyer. Cependant, elle apparait, à ce jour, être une occasion manquée de doter enfin la France d’une stratégie ambitieuse et cohérente munie d’objectifs, d’une trajectoire et d’indicateurs précis pour répondre aux urgences environnementales, de santé publique et de justice sociale de l’alimentation.
Un manque cruel d’ambition pour le gouvernement
Le Réseau Action Climat relève que la majorité des quelque 80 mesures qui composent la stratégie, quand elles ne consistent pas à informer et sensibiliser, sont de nature incitative malgré les échecs constatés des dispositifs d’auto-régulation basés sur les engagements volontaires des entreprises par le passé. Faute de moyens réglementaires, mais également financiers, on voit mal comment les objectifs fixés par la SNANC pourront être atteints. Le fait qu’une partie des objectifs ne soient pas chiffrés compromet la mise en place pourtant nécessaire de dispositifs de suivi et d’évaluation, et interroge sur les ambitions du gouvernement. Il est notamment à déplorer que :
- aucun objectif chiffré de réduction de la consommation de viande et de charcuterie
- aucune mesure contraignante pour limiter la publicité pour les produits trop gras, trop sucrés et trop salés ciblant les enfants
Ce manque d’ambition ne reflète pas la volonté des français·es qui, dans une écrasante majorité, en attendent davantage des pouvoirs publics et qui, à 83% soutiennent l’interdiction de la publicité pour les produits nocifs pour la santé.
Par ailleurs, la SNANC ne réussit pas non plus à proposer des mesures et objectifs visant à assurer à la fois une plus juste rémunération des agriculteurs et agricultrices et l’accès de toutes et tous à une alimentation saine et durable. Elle en a pourtant l’opportunité, à condition de poser l’objectif d’une meilleure transparence des prix, de mieux encadrer les distributeurs, les industriels et les restaurateurs pour que ceux-ci proposent davantage de produits de qualité issus de filières locales, responsables et durables ; de mobiliser davantage de leviers pour garantir des débouchés pour les agriculteurs et les agricultrices engagées dans des modes de production durables, à travers la restauration collective mais aussi commerciale, ou encore les Projets Alimentaires Territoriaux (PAT).
Une consultation à fort enjeux
La société civile se mobilise pour informer la consultation publique et citoyenne sur base des travaux de recherche et études récentes, nous reviendrons vers vous avec des pistes pour vous engager et contribuer !
Les acteurs·rices sur les territoires agissent déjà pour des transitions agricoles et alimentaires ambitieuses
De nombreux·ses associations, collectivités, organismes de recherche, entreprises sont déjà engagé·es et agissent sur les territoires pour transformer nos environnements alimentaires afin d’assurer l’accès de toutes et tous à une alimentation saine et durable. Ces projets pourraient aller encore plus loin en s’appuyant sur une politique nationale à la hauteur des enjeux.